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Petites pensées de jeunes sur un univers de grandes personnes
Petites pensées de jeunes sur un univers de grandes personnes
  • Petits faits observés dans la vie réelle, l'attitude des hommes politiques ou des joueurs de mmorpg, sans parler des clients au restaurant ou des parents. Le monde est un zoo, file au zoo fille!
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25 juin 2009

Journal d'un serveur - deux

Nous sommes l’après-midi, et il fait beau. Qui dit beau temps dit un peu de monde sur la terrasse. Pour une glace, une crêpe, une boisson, les gens viennent se prélasser au soleil, profitant d’une douce brise qui les empêche d’avoir trop chaud. Je ne peux pas dire que je suis débordé, mais je ne me repose pas un seul instant, vous pouvez me croire.
Tout en débarrassant une table, je vois arriver du coin de l’œil deux personnes. Plus très jeunes, pas non plus des retraités, ils s’installent tranquillement et regardent autour d’eux. En quelques pas je suis devant eux, mon plateau toujours en main.
- Bonjour…
- Une Neikenen.
Tiens tiens. Serait-ce du suédois, une manière de dire bonjour au Japon ou en Chine ? Mais non, c’est bien une bière qu’il me demande sans plus de cérémonie ! Et sans le sourire, je vous prie, c’est toujours plus plaisant.
Bon. On ne s’énerve pas. Je rentre tranquillement dans le bar, dépose mon plateau, prépare la Neikenen et les autres boissons pour une autre table. Mon plateau est donc chargé quand je repars à l’assaut de la terrasse. Première table, le couple ronchon. Une boisson gazeuse pour la dame… Je dépose le verre pour la bière au monsieur, et là, qu’ouïe-je au lieu du traditionnel « Merci » ? Qu’entends-je ?!
- Combien je vous dois ?
C’est ridicule enfin ! Mon plateau m’encombre le bras gauche, j’ai sa bouteille dans la main droite, et il faudrait que je me fasse pousser un troisième bras pour lui tendre l’addition ?
- Mais enfin monsieur, attendez que je dépose la bouteille !
Et étrangement, le silence se fait. Il n’y aura pas un mot de plus. On est parfois très seul…


La barrière de la langue

Quand vous travaillez dans la restauration en France, vous n’avez pas que des Français comme clients (« Et heureusement ! » je pourrais entendre. N’y voyez pas là un quelconque reproche déguisé, il est bien exposé sous vos yeux). Vous avez aussi des hollandais, des espagnols, des irlandais, des anglais, des australiens, et j’en passe. Justement, en parlant des anglais…
J’aime beaucoup ces gens. Toujours un « bonjour », un « merci », et enfin des gens qui font l’effort de parler en français (Ce que même nos chers concitoyens ne font pas, le cas sera exposé plus loin), d’offrir un peu de pourboire, et d’une nature polie et chaleureuse. Malheureusement, parfois, certains touristes étrangers ne savent pas parler français, et encore moins le lire. On ne peut pas les blâmer, qui penserait qu’un « i » et un « e » qui se suivent puissent donner le son [iè] !

Cette histoire se passe il y a déjà quelques années, quand je ne servais pas encore. Oui je suis aussi un être humain, j’ai été un enfant. Enfin bref, dans la crêperie travaillent deux sœurs. L’une en cuisine et l’autre au service, on dit d’elles qu’elles se ressemblent. Elles ne sont pas jumelles, non, ayant quelques années de différence.
Un jour, J. de son prénom, serveuse de son état, se trouvait à prendre la commande d’un client anglais. Et si certains anglais ne parlent pas français, certains français également n’ont aucune connaissance de la langue de nos voisins les plus proches. Perdue dans toutes ces sonorités étranges, J. n’arrivait pas à saisir un traitre mot que baragouinait le client, lui apportant successivement une bière, puis un verre de lait, sous le regard dépité de ce dernier. Il avait même fini par sortir son petit dictionnaire de poche franco-anglais pour surmonter enfin cette pénible épreuve, quand J. décida de jeter l’éponge. Elle se rendit au bar et demanda alors à M. d’y aller à sa place, parce qu’elle n’y comprenait vraiment rien.
M. se rendit donc sur la terrasse, auprès du pauvre homme qui fouillait toujours son dictionnaire en vain, tout en continuant ses explications hasardeuses en français. Pleine de bons sentiments, la gentille M. dit alors dans un anglais plutôt bon qu’il pouvait s’adresser à elle en anglais. Quelle ne fut pas sa surprise en voyant les yeux du client s’écarquiller, alors qu’il s’écriait, indigné.
- YOU SPEAK ENGLISH !
Heureusement, on évita le drame, la femme du brave monsieur tirant sur la manche de celui-ci en lui disant
- She’s not the same ! She’s not the same ! (“Ce n’est pas la même! Ce n’est pas la même ! »)
Car oui, peu observateur, notre cher anglais avait réussi à confondre les deux sœurs. Beaucoup de sueur froide et un peu de frayeur, mais aujourd’hui on en rit encore.

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