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Petites pensées de jeunes sur un univers de grandes personnes
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  • Petits faits observés dans la vie réelle, l'attitude des hommes politiques ou des joueurs de mmorpg, sans parler des clients au restaurant ou des parents. Le monde est un zoo, file au zoo fille!
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25 juin 2009

Journal d'un serveur - chapitre un

Il était une fois un serveur



Chaque jour, dans tous les pays du monde, des gens se rendent au restaurant. Que ce soit un fast food, une petite auberge de village ou un restaurant cinq étoiles, chaque jour apporte son lot de clients. Je suis client. Vous êtes clients. Mais alors que vous commandez votre homard accompagné de sa sauce aux airelles et votre hamburger, déjà convaincu que ce repas est acquis, savez-vous ce qui se passe de l’autre côté, de ceux qui vous servent ? Non ? Et bien lisez. Vous aurez honte de vous.

Je suis serveur dans une crêperie depuis maintenant quelques temps. L’établissement est connu et réputé pour ses bonnes crêpes et le service, c’est une fierté pour ceux qui y travaillent. On est plutôt une bonne équipe, on s’entend bien.
La crêperie est plutôt grande, pour un restaurant qui se trouve dans un simple bourg. On a une grande terrasse séparée en trois parties, dont une est couverte, et deux salles dont une grande et une petite, ainsi qu’un bar tout beau tout propre. Autant dire qu’on a une grande capacité de réception. C’est pourquoi, sachant que nous effectuons un service continu du midi jusqu’au soir et que le bar est ouvert le matin, nous servons des crêpes en salle et en terrasse le midi, seulement en terrasse l’après-midi, et enfin le soir en terrasse couverte et en salle. On ne devrait pas avoir de problèmes franchement… Et pourtant, chaque année, c’est la même chose. Oui, car vous, clients, vous ne changez jamais.



Chroniques du Bonjour


Il est midi, et je suis au bar, à regarder la pluie qui tombe par la baie vitrée. L’humeur est morose, sans être au plus bas. La terrasse couverte est presque pleine, et que dire de la salle. Moi je reste au comptoir pour préparer les boissons et accueillir les clients.
Justement, en voila quatre qui entrent. Ils ont de la chance, il me semble bien qu’il nous reste de la place. Je les vois passer devant le comptoir, juste sous mon nez, rangeant parapluies et cirés.
- Bonjour !
Ca m’a presque échappé malgré moi. Le « Bonjour » franc et fort est un réflexe naturel chez le serveur, tout comme le « Bonsoir ». Ce qui peut d’ailleurs donner un « Bonsoir » lancé au beau milieu de la matinée. Ça a le mérite de nous faire sourire.
Les clients ont tourné la tête vers moi. Le cerveau se dégrippe, la réflexion est engagée.
B-O-N-J-O-U-R.
Six lettres.
Aïe. Beaucoup, beaucoup trop de lettres ! Et seulement deux d’identiques.
Analyse des données.
Définition trouvée, illisible.
Echec critique.
Et les voila qui rentrent sur la terrasse couverte, sans un mot. Bon. Peut-être ne m’ont-ils pas entendu.
Un coupable est innocent jusqu’à temps qu’on ait prouvé sa culpabilité
Les revoila dans le bar. Il doit faire trop froid pour eux, malgré le chauffage. Ils se dirigent donc vers la porte de la salle, repassant devant le comptoir.
- Bonjour !
Oui, dans une vie antérieure, le serveur fut perroquet.
A nouveau ils tournent la tête. Pas de doute possible, ils me voient ! Ils m’entendent ! Ou alors ils sont sourds. Parce que pour la deuxième fois, ils me snobent. Et entrent dans la salle. Avant de revenir. Leurs yeux se plongent dans les miens, leurs lèvres alors immobiles se mettent en mouvement.
- Nous voudrions une table pour quatre.
- Bonjour.
Oui je ne réponds pas à leur question. Oui c’est la troisième fois que je leur souhaite un bon jour. Oui, je suis courageux, je sais.
- Oui bonjour…
VICTOIRE !
- Nous voudrions une table pour quatre.
Me dit le patriarche avec un petit air agacé. Car il ose. Alors, tout en leur offrant mon plus beau sourire, je joins les mains et l’achève de six mots.
- Ah désolé mais nous sommes complets.

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